Une nouvelle secousse politique frappe le Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Cette fois, elle ne vient ni d’un parti politique ni d’une ambassade étrangère, mais d’une voix de la société civile connue pour son franc-parler : Pierre Espérance, directeur exécutif du RNDDH.
Dans une déclaration qui fait déjà grand bruit, Pierre Espérance fustige ouvertement les membres du CPT accusés de manœuvrer pour remplacer le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé à moins de deux mois du 7 février. Pour lui, cette tentative n’est rien d’autre qu’un calcul personnel déguisé en initiative institutionnelle.
« C’est un scandale que certains membres du CPT cherchent à écarter le Premier ministre à quelques semaines de la fin de leur mandat. On ne peut pas prétendre diriger la transition tout en faisant passer ses intérêts personnels avant ceux du pays », affirme-t-il.
« Heureusement, nous apprenons qu’une entente a été trouvée entre la Primature et le CPT. Maintenant, il faut arrêter les intrigues politiques et se concentrer sur les vrais dossiers : la sécurité et l’organisation des élections », poursuit le militant des droits humains.
Cette sortie intervient au moment où des révélations circulent sur les dissensions internes au CPT et sur les pressions exercées en coulisses pour imposer un changement à la tête du gouvernement. Plusieurs observateurs dénoncent un climat d’instabilité soigneusement entretenu par certains acteurs de la transition, au détriment d’une population déjà éprouvée par l’insécurité, la crise humanitaire et l’absence d’élections depuis des années.
Au cœur de la polémique : la tentative de faire porter au Premier ministre la responsabilité de tensions internes, alors même qu’il réaffirme qu’il n’a jamais engagé, ni encouragé, aucune démarche visant à sanctionner ou fragiliser les membres du CPT. Selon l’entourage du chef du gouvernement, cette accusation serait « une fabrication politique destinée à justifier une opération de déstabilisation ».
Si la Primature et le CPT ont finalement trouvé une entente, la crise révèle cependant les fractures profondes qui persistent au sein de l’exécutif bicéphale. Et comme le rappelle Pierre Espérance, « Haïti ne peut pas continuer à vivre au rythme des querelles de clans, alors que les urgences nationales exigent cohésion et responsabilité ».