Cinq mois auront suffi pour révéler au grand jour ce que beaucoup soupçonnaient depuis longtemps : Fritz Alphonse Jean n’est ni un rassembleur, ni un homme d’État, mais un technocrate aux ambitions messianiques, prompt à diviser pour asseoir une illusion de grandeur. Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), il n’aura même pas su maintenir la cohésion minimale du groupe de trois qu’il formait avec Edgard Leblanc Fils et Leslie Voltaire.
La rupture a éclaté de manière spectaculaire à trois jours de la fin de son mandat, autour d’une note de clarification sur le dossier de la Caribbean Port Services (CPS). Ce document, publié le 4 août 2025 par le Bureau de communication de la Présidence, visait à répondre à une lettre du président Fritz Jean adressée au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, lui demandant des explications sur les conditions contractuelles entre l’État haïtien (via l’APN) et la CPS.
Fritz Jean contre la transparence
Ce qui aurait dû être un exercice de transparence administrative s’est transformé en une manœuvre politique hasardeuse. Malgré les explications complètes et documentées fournies par le Premier ministre, malgré les confirmations légales détaillées dans la note officielle – rappelant que le contrat respecte les décrets de 1978, 1985 et 1964 sur l’amodiation et les investissements portuaires –, Fritz Jean a refusé de signer la note ou d’y être associé.
Pire : alors que six des sept membres du CPT avaient donné leur accord, Fritz Jean a préféré se retirer du processus, abandonnant même la lettre derrière lui, pour que ce soit Laurent Saint-Cyr, représentant du secteur privé, qui publie la note – un acte calculé pour tenter de discréditer ce dernier en le faisant passer pour le relais des intérêts économiques. Une manœuvre de manipulation pure, motivée non par la vérité ou la justice, mais par le désir obsessionnel de préserver son image personnelle.
Une trahison envers ses propres alliés
Cette tentative d’instrumentaliser un débat contractuel à des fins politiques a fini de briser le peu de confiance qui existait encore entre lui, Edgard Leblanc Fils et Leslie Voltaire. Alors que tous appelaient à une sortie unie, claire et responsable, Fritz Jean a joué la carte de la confrontation, du retrait, de la menace, allant jusqu’à évoquer la possibilité de prendre la presse à témoin pour dénoncer ses collègues, comme si le Conseil était devenu son théâtre personnel.
À travers cet épisode, Fritz Jean a trahi l’esprit collégial du CPT, mais aussi les principes de loyauté politique, en tentant de désavouer Pierre-Marie Boisson, Edouard Baussan et autres membres avec qui il avait pourtant été en accord à l’époque d’Ariel Henry. Ce renversement d’alliance, notamment au profit de Mews, en dit long sur sa capacité à retourner sa veste pour des intérêts circonstanciels.
Un bluffeur mégalomane démasqué
Ce dernier scandale n’est pas un cas isolé. Depuis le début de son mandat, Fritz Jean a donné la priorité à l’image, à la posture, au contrôle narratif, au détriment du travail collectif. Il se voyait déjà comme le seul sauveur du pays, refusant tout compromis, court-circuitant ses collègues, retardant des décisions essentielles pour préserver son autorité symbolique.
Mais derrière ce vernis d’intellectuel respecté se cachait un homme incapable de gérer les réalités du pouvoir partagé, allergique à la transparence lorsque celle-ci ne servait pas son agenda, et surtout profondément isolé. Il s’est enfermé dans un rôle de mégalomane incompris, préférant la solitude de l’ego à la force de l’unité.
Un soulagement national
Il faut le dire sans détour : Dieu a sauvé Haïti d’une présidence unipersonnelle de Fritz Jean. Son incapacité à maintenir l’harmonie au sein d’un conseil restreint prouve que lui confier seul les rênes du pays aurait été un désastre. Un désastre institutionnel, moral, et stratégique.
Aujourd’hui, les faits parlent d’eux-mêmes : divisions internes, refus de transparence, trahisons politiques, manipulation médiatique. À l’issue de cinq mois de transition, le mégalomane est tombé de son piédestal, et l’histoire retiendra non pas l’homme d’État, mais le bluffeur solitaire, le président qui divise, l’homme qui voulait tout contrôler, mais qui a tout perdu.
Fritz Jean est devenu une honte nationale. Son mandat à la présidence du CPT ne laisse derrière lui que regrets, désillusions et divisions. Il a démontré que l’expertise économique ne garantit ni le leadership, ni l’intégrité politique.
À ceux qui espéraient un homme d’État, il a offert un acteur politique rongé par le narcissisme. À ceux qui espéraient un rassembleur, il a livré un homme solitaire et clivant. À ceux qui espéraient un visionnaire, il n’a laissé que des querelles de pouvoir et des lettres non signées.
L’histoire retiendra que Fritz Jean, en cinq mois, n’a su ni unir, ni construire, ni gouverner.